samedi 5 mai 2012

Les chroniques du placard : La vie est un long rail tranquille.

 Me voilà donc affublée de mon cartable en cuir, d'un tailleur, d'une écharpe en soie, de petites ballerines et tout le tralala pour ma première réunion de stage à Paris, même mes cheveux avaient joué le jeu...

Je monte donc à bord de mon train, Le Monde sous le bras histoire de parfaire le cliché, me disant que je le lirais paisiblement durant les 3h 30 qui me séparent de la capitale. Tout va pour le mieux. Je suis à l'heure, je ne me trompe pas de de wagon, mes bagages étiquetés ne seront pas confondus avec des colis piégés, mon billet est composté. Le train roulera normalement, il n'aura aucun retard, j'aurais même le luxe d'avoir un contrôleur aimable qui me réveillera avec bienveillance pour le contrôle du billet tandis que je m'étais assoupie avec élégance (hormis peut-être la bouche ouverte, exhibant mes plombages, ceci dit la perfection n'existe pas!)tandis que je rêvais. Rien ne semble pouvoir rompre la tranquillité de mon voyage en seconde, dans le dernier wagon, sur mon siège seul avec table, dans le sens de la marche. Rien? C'était sans compter, la meute de collégien qui m'a gaiement et bruyamment rejoins à Vichy, et qui, bien entendu se rendait en excursion à Paris... Alors, soudain, je me sentais poussé des ailes politiques, prête à m'engager avec ferveur dans le futur TGV Clermont-Paris, car à bien y réfléchir, 3h30 c'est long! très long! vraiment très très long!

Finalement ce qui m'a tué, ce n'est pas leurs machouillements continuels, mouillés et scintillants, ce n'est pas leur langage châtié, ce n'est pas non plus leur sonnerie de portable, ni même le fait qu'ils aient le dernier smartphone alors que j'ai un vieux machin moisi, pas même encore leur vas-et-viens continuels de par et d'autre du wagon, ni leur excitation communicative, ce n'est pas non plus leurs blagues nazes et grossières, leurs ragots baveux ou leurs confidences niaises, ce n'est pas leur look fluo à me bruler la rétine, leur dégaine insulte toute entière à la dignité ou les CHUUUUUUUUUUUTS!! des professeurs dépassés et désabusés... non ! ce qui m'a tué, c'est leur capacité à extraire de leur sac sans fond des tonnes et des tonnes de sucreries alors que je crevais la dalle ! Ah les saligauds! Ils ne m'en aurait même pas proposées ! Ils n'avaient aucune pitié pour la vieille coincée en costard que soudain j'étais devenue et qu'ils lorgnaient d'un regard narquois. J'étais celle qui ne comprends rien à leur life et à qui ils se jurent de ne jamais ressembler quand ils seront grands... Moi, je me revoyais il y a moins de 10 ans, baveuse, niaise et mal sapée. Je me reconnaissait dans cette nana un peu ronde et malhabile qui tentait tant bien que mal de s'affirmait riant fort, pensant que jamais je ne saurais ressembler à ces citadines trop bien fringuées pour être libres et vraiment heureuses.
Bref! J'étais déguisée, mais eux, ils ne le comprenaient pas.

Alors oui la SNCF n'a rien fait, mais oui, en plus de m'avoir fait vivre le supplice de Tantal, ce voyage m'a rappelé qu'inexorablement je passais de l'autre côté de la barrière, là où l'herbe n'est plus si verte et fraiche.

SNCF: Soyez Neutre et Conforme mais Foutu ? ...

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